Fini se fait patient et attend les fissures dans l’axe PDL-Bossi.
08/04/2010
« L’anomalie et la Constitution » (Massimo Giannini, La Repubblica) :
« La 19e loi ‘sur mesure’ est passée. Avec la signature du chef de l’Etat sur l’empêchement légitime, le président du Conseil a eu ce qu’il voulait : être intouchable, protégé pour 18 mois de procès lourds (Mills et Mediatrade). Il lui suffira d’une auto-certification pour motif ‘institutionnel’ pour ne pas avoir à se rendre aux audiences, que le motif invoqué soit vrai ou faux : Conseil des ministres, réunion avec un ambassadeur, entretien avec un maire. On ne sera jamais sûr que le Cavaliere n’est pas à une séance de kiné ou à une fête dansante chez lui. Napolitano n’a sans doute pas décidé de gaîté de cœur de promulguer ce texte mais il a joué son rôle, que cela plaise ou non. C’est maintenant à la Cour constitutionnelle de l’étudier – il lui est déjà arrivé de rejeter des lois taillées sur mesure pour Berlusconi. D’un point de vue politique, cette énième entorse aux règles paraît reposer sur un double espoir : que le président du Conseil cesse une bonne fois sa guerre atomique contre la magistrature – et que se vérifie enfin ce ‘climat de loyale collaboration entre autorités politiques et judiciaires’ ; et que cesse sa bataille idéologique contre l’opposition pour que le ‘dialogue’ attendu depuis 2 ans débute pour de bon. Pour l’heure, Berlusconi et sa majorité portent l’énorme responsabilité d’avoir assujetti une fois encore l’intérêt national à une exigence personnelle. En attendant le fin du fin : une anomalie berlusconienne non pas neutralisée peu à peu, mais constitutionnalisée. »
« L’entorse de la Ligue irrite ses alliés » (Francesco Verderami, Corriere della Sera) :
« Berlusconi avait déjà été étonné l’autre soir, quand Calderoli lui avait montré le projet de réforme constitutionnelle mais nul n’imaginait qu’il irait le présenter au Quirinal – ce qui a surpris tant le président du Conseil que ceux des Chambres. Fini et Schifani ont été frappés le côté inhabituel du procédé : d’abord, l’initiative éventuelle aurait dû incomber à Bossi, ministre des Réformes, et Calderoli aurait agi sans en avoir parlé aux dirigeants du PdL au dîner d’Arcore, court-circuitant le Conseil des ministres et les groupes parlementaires de la majorité. Pour couper court, Berlusconi a dit que le projet ‘devait être approfondi’. L’heure de discuter stratégie viendra, la route est encore longue et il faudrait veiller à la façon de procéder : Schifani et Fini ont trouvé que Calderoli allait ‘plus vite que la musique’. »
« Fini se fait patient et attend les fissures dans l’axe PDL-Bossi » (Amadeo La Mattina, La Stampa) :
« Une semaine avant les régionales, le sénateur Marcello Dell’Utri a offert à Gf. Fini Le Prince de Machiavel, en lui conseillant d’apprendre à attendre la succession de Berlusconi avec une ‘philosophie patiente’. Mais Fini, flegmatique de nature, avait d’autres projets, n’imaginant sans doute pas que le ‘Prince Silvio’ ressortirait si fort des élections et que Bossi ferait la loi dès le lendemain, lui volant la paternité du régime semi-présidentiel – inscrit dans le projet que Calderoli, ministre de la Simplification administrative, a soumis hier au chef de l’Etat. Une initiative qui prend de vitesse Fini, lequel ne lancera qu’aujourd’hui le colloque de Farefuturo sur le régime semi-présidentiel. Berlusconi s’est empressé de préciser qu’il s’agissait d’une ‘initiative personnelle’, mais elle cadrait parfaitement avec le calendrier de la Ligue. Face à la ‘traction léghiste’ de la majorité, Fini craint l’isolement mais il est persuadé que l’euphorie de Bossi s’atténuera et que Berlusconi comprendra qu’il faut mettre un frein à ses revendications continuelles. A défaut, le mécontentement montera y compris chez les berlusconiens et Fini pourrait devenir leur point de répère. Conseil de Fini aux siens : rester de marbre. Trois ans de législature, c’est long et les hypothèses qui circulent sur le ‘ticket’ (Berlusconi au Quirinal, Tremonti ou un léghiste comme Maroni au palais Chigi) n’ont rien de solide. Maintenant Fini doit attendre une semaine avant de rencontrer Berlusconi et d’entrer dans le jeu. Il devra jouer finement avec des propositions crédibles et articulées. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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