Italie : la nouvelle géographie du vote.
01/04/2010
« Berlusconi verrouille le PdL : ‘la Constitution doit être changée tout de suite’ » (Ugo Magri, La Stampa) :
« Berlusconi réunira tout au long d’avril toutes les instances du PdL, voulant unir le parti et éviter le ‘feu ami’. Ceux qui sont d’accord avec lui et les autres pourront s’exprimer librement, un festival de démocratie jamais vu de mémoire PdL. A la fin, un vote aura lieu sur les choses à faire dans les 3 ans qui viennent, de la fiscalité à la justice, du fédéralisme fiscal à la réforme de la Constitution. Tous jurent qu’il ne s’agit pas de mettre Fini dos au mur mais que ce sursaut démocrate est une main tendue pour que le cofondateur du PdL puisse participer pleinement à la décision. Pour la réforme de la Constitution, des marges de manœuvre devraient être données aux groupes parlementaires, à commencer par le Sénat où Gasparri tentera de tendre la perche à l’opposition. Berlusconi éviterait volontiers le dialogue mais il y a la Ligue et elle souhaite des réformes partagées. De son côté, le PD craint de se faire prendre à contrepied, notamment sur le présidentialisme, par le gouvernement. »
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« La nouvelle géographie du vote » (Luca Ricolfi, La Stampa) :
« Selon Berlusconi, les électeurs ont récompensé son gouvernement. Ce n’est pas exact puisque son parti a perdu des voix, en valeur absolue et en pourcentage, par rapport aux européennes et aux législatives. Et les pertes du PDL ne sont pas compensées par le succès de la Ligue : l’avance du centre droit sur le centre gauche s’est réduite de moitié par rapport à 2008-2009, passant de 5-6% à 2-3%. Bersani a-t-il raison, alors, de parler d’‘inversion de tendance’ ? Non. Une légère faiblesse de la majorité gouvernementale lors d’élections locales à mi-mandat est naturelle ; elle signifie seulement que les électeurs sont sortis de la lune de miel et réclament que le gouvernement honore ses engagements. Pour le PD, si on fait bien les comptes, on observe un nouvel affaiblissement. Le pouvoir d’attraction du PD ne s’accroît pas et le parti est à un minimum historique. Rien à voir, donc, avec une inversion de tendance. Mais il y a deux nouveautés remarquables : 1/ le triomphe du parti du mécontentement, aux dépens du bipartisme : le score cumulé des deux principaux partis dépasse à peine 50 % des voix exprimées – mais 29 % seulement des inscrits ; 2/ la répartition géographique du succès de la Ligue, dont le succès est étroitement lié au dynamisme économique des territoires : pénétration forte dans les régions les plus productives, moindre dans les régions bénéficiant de la solidarité nationale (dont la Ligurie, malgré l’idée léghiste du ‘quadrilatère du Nord’). Les régionales ébauchent une carte politique inédite : au Nord, les quatre grandes régions les plus productives, riveraines du Pô, où la Ligue perce – le Piémont vient d’entrer dans le club et l’Emilie-Romagne pourrait le rejoindre ; au centre, la classique zone rouge (qui inclut la Ligurie mais pourrait finir par perdre l’Emilie-Romagne) ; au Sud, le reste du pays, du Latium à la Sicile, où la Ligue ne peut s’enraciner car toutes ces régions produisent moins qu’elles ne consomment. »
(Traduction : ambassade de France.)
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