Italie: la gauche en déroute.
31/08/2008
Voici un article paru dans le journal Le Monde à propos de la gauche italienne. Il apparaît clairement que la stratégie d'union de toute la droite et le fait que la droite ne fait aucune concession à la gauche porte ses fruits.
Parfum de déprime à la fête de la gauche italienne
FLORENCE ENVOYÉ SPÉCIAL
L'évocation des souvenirs du vieil Oscar Luigi Scalfaro, 89 ans, président de la République italienne de 1992 à 1999, n'a pas suffi à remplir la salle des débats de la fête du Parti démocrate (PD), mercredi 27 août à Florence. Luisa, une militante du Piémont est déçue : "Je suis venue chercher des signes de renaissance, explique cette jeune femme entrée en politique par le parti communiste (PCI) puis les démocrates de gauche (DS), mais je n'ai rien trouvé. J'ai envie d'un vrai parti d'opposition, mais celui-ci est trop modéré." Avant de quitter la salle, emmenant mari et enfant, elle lâche : "Trop de saucisses et pas assez d'idées."
Des saucisses, il y en a dans toutes les allées de la forteresse de Basso, où se déroule l'événement. La fête du PD, qui remplace la Fête de l'unité, tient à la fois de la Foire du Trône et du forum politique. Le forum ? Des débats bipartisans organisés chaque soir, suivis d'un concert. Umberto Bossi, le leader de Ligue du Nord, y a été invité, Giulio Tremonti, le ministre des finances, était attendu jeudi 28 août. La foire ? Des restaurants à ciel ouvert qui côtoient des boutiques de vêtement ethniques. Il y a un marchand de scooters à côté d'une librairie new-age. Les rayonnages sont organisés ainsi : dépression, travail et confiance en soi. Cela tombe bien, c'est exactement ce dont le parti de Walter Veltroni a besoin.
Sa défaite face à Silvio Berlusconi, aux législatives en avril, l'a ébranlé. Ses amis se sont mis à douter de sa stratégie, malgré son score honorable - 33,2 % à la Chambre des députés, 33,7 % au Sénat. La presse de droite dresse le portrait d'un homme sans projet et à la dérive. Sur sa gauche, Antonio di Pietro et l'Italie des valeurs le dénigrent à cause de sa supposée "mollesse". "Il nous pose plus qu'un vrai problème", reconnaît un cadre du parti. Et le berlusconisme a fait le reste.
Pour avoir montré de l'intérêt pour le dialogue bipartisan proposé par le président du conseil, il s'est aliéné le soutien de la gauche radicale sans vraiment, pour l'heure, séduire les centristes. Son attitude déroute. Dans une contribution récente envoyée au quotidien La Repubblica, il cite Woody Allen et des auteurs américains, sans dire un mot de Silvio Berlusconi. "Nous sommes aphones", reconnaît un député. "Il est très difficile de communiquer contre Berlusconi", affirme un autre.
Mais la majorité solide dont dispose la droite n'encourage pas à rêver à un retour rapide au pouvoir. Le congrès n'est prévu qu'à l'été 2009... D'ici là, il faudra faire avec Walter Veltroni. "Il faut se restructurer autour de nos dirigeants actuels et ne pas empêcher le renouvellement de la classe politique au centre gauche dans les quatre prochaines années", analyse Sandro Gozi, un "quadra" du parti. Une manière de sous-entendre que M. Veltroni ne pourra pas être le prochain candidat à la présidence du conseil. Cette génération se dit prête à prendre les rennes et à bousculer les équilibres entre les différentes familles qui composent le Parti démocrate (ex-PCI, ex-DS, ex-Marguerite, etc.).
C'est dans cette atmosphère un rien désenchantée que Ségolène Royal a choisi de conduire sa campagne. Le programme annonce sa venue à Florence samedi 30 août. Pour la fin de la fête, le 7 septembre, Walter Veltroni a choisi, au lieu du traditionnel discours politique de clôture, de donner une simple interview. Pas de quoi galvaniser les militants.
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