"Salvini : "le gouvernement ne tombera pas"."
22/05/2019
Italie. Revue de presse.
Les tensions au sein du gouvernement font toujours les gros titres des médias italiens : « Le gouvernement implique le Quirinal dans la bagarre pour la sécurité » - ‘’Mattarella convoque Conte’’ (La Stampa), « Chaos gouvernement, coup de froid avec le Quirinal » - ‘’La Présidence de la République irritée pour avoir été impliquée dans la querelle’’ (Il Messaggero), « Conte, coup de froid avec le Quirinal » (Il Mattino), « Conte tente le report du décret sur la sécurité » (Avvenire). Le Corriere titre sur l’entretien de M. Salvini qui se veut optimiste sur l’avenir du gouvernement : « Salvini : ‘’le gouvernement ne tombera pas’’ » - ‘’Allons de l’avant avec Di Maio’’ (Corriere della Sera).
Les difficultés de financement de certaines mesures gouvernementales font également les gros titres : « Tria : le décret sur la famille sans couvertures » - ‘’Di Maio rétorque : c’est un choix qui relève de la politique, pas des techniciens’’ (Sole 24 Ore), « Retraites, le couperet » - ‘’Le président de l’INPS privilégie le revenu de citoyenneté et les départs anticipés’’ (La Repubblica).
ENTRETIEN de Matteo Salvini, chef de la Ligue, vice-Président du Conseil et ministre de l’Intérieur : « Je ne réponds plus aux attaques, je travaillerai encore avec Di Maio. » (Corriere della Sera): « ‘’Je n’ai répondu à personne. Sur le climat du gouvernement, de manière très banale, cela s’explique par le fait que la Ligue a gagné toutes les élections régionales. Ce gouvernement a commencé avec la Ligue à 17 % et les 5 Etoiles à 30. De façon très probable, avec le vote de dimanche, on assistera à une inversion des choses. Mais cela ne n’importe peu. Je suis pour le travail d’équipe. Le contrat de gouvernement n’est pas rompu. Avec Di Maio j’ai bien travaillé. Je suis convaincu que lundi on retournera travailler ensemble, comme on l’a toujours fait. Nous avons déjà changé la vie de 200 000 personnes. On est en train de gagner les élections régionales, je suis certain que ce sera bientôt nous qui donnerons l’impulsion des propositions, et non plus les 5 étoiles. Avec la flat tax, ce sera un nouveau miracle italien, on retournera au boom des années 50. Quant à mon rosaire, depuis ce matin, j’ai déjà reçu une vingtaine de crucifix, d’images de Padre Pio, de la Vierge… De prêtres, de sœurs, mais également de beaucoup de laïcs. Je ne comprends pas, on enlève les crucifix des écoles, on ne fête plus Noël, et maintenant ce serait à moi, catholique, d’avoir honte d’exprimer ma religion ? Enfin, il y en a qui veulent plus d’Europe en Italie, moi au contraire je souhaite plus d’Italie en Europe’’ »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « L’erreur d’utiliser la défense du Quirinal » : « Il est rare qu’un Président du Conseil se retranche derrière les perplexités du Président de la République – vraies ou présumées – pour pousser un leader politique de la coalition de gouvernement à corriger une mesure gouvernementale. En tout cas, on évite de faire connaître une telle action, qui fait partie des choses réservées. Dans les habitudes de toutes les grandes démocraties, il est de coutume de laisser le leader institutionnel en dehors des bagarres communes. Mais, dans le déclin du gouvernement actuel Ligue-M5S, et pendant les négociations sur le nouveau décret sécurité, le Quirinal a été impliqué dans le bras-de-fer opposant Giuseppe Conte et Matteo Salvini, il a été invoqué et cité à son insu pour arrêter l’effondrement de la majorité. En fait, ils ont essayé de ‘’décharger‘’ sur la Présidence de la République les responsabilités du décret et ses contradictions. La tentative d’appeler Mattarella en soutien à une prétendue neutralité de Palais Chigi par rapport aux pressions politiques n’avait et n’a aucune perspective de succès. L’essence du gouvernement a toujours été politique, même s’il y avait deux ministres ‘’techniques‘’ (Economie, Affaires Etrangères) qui faisaient référence au Quirinal, mais maintenant, dans ce moment de chaos, où le Président du Conseil est accusé, à tort ou à raison, de privilégier le Cinq Etoiles, impliquer Mattarella sur le décret sécurité trahit le désir inexprimé de transformer miraculeusement un gouvernement politique en un exécutif réellement technique. Un gouvernement soutenu, avec discrétion, par le Quirinal. Ce dernier a exprimé une forte irritation. Le résultat de prochaines élections européennes pourra mettre en place deux hypothèses : soit il y aura une indication très claire pour une majorité cohérente (de droite) ou bien il y aura une situation confuse avec la Ligue un peu plus forte que les Cinq Etoiles mais pas assez pour résoudre tous les problèmes qui finiront par émerger : reports, retards, comptes publics, loi des finances. Et le Quirinal reviendra au centre de la scène, tout en sachant que l’âge d’or des soi-disant ‘’ gouvernements du Président ‘’ ne peut plus être proposé ».
ARTICLE, Sole 24 Ore, L. Palmerini : « Les ‘’conditions’’ du Quirinal à Salvini. Aujourd’hui l’entrevue Mattarella-Conte » : « Mattarella s’attendait à tout sauf à être impliqué dans la fin de campagne électorale qui se révèle être plus envenimée que prévue. Les 5 Etoiles et Conte ont fait de Mattarella un bouclier pour freiner le texte-étendard de Matteo Salvini. Au Quirinal, on évite de parler d’irritation ou de gêne, toutefois, impliquer le Chef de l’Etat pour chercher un avantage dans la compétition électorale s’avère être un jeu imprudent. S’il n’y a pas de tentation de mettre des vétos à Di Maio ou à Salvini, les services juridiques du Quirinal ont néanmoins signalé des doutes à la fois sur le décret-famille du M5S que sur le décret-sécurité de la Ligue. Pour ce dernier, les doutes n’ont été surmontés qu’en partie lors des derniers échanges entre le Palais Chigi et la Présidence de la République. Il ne s’agirait donc pas de ‘’rabotages’’ comme le disaient les proches du ministre de l’Intérieur mais de corrections profondes sur plusieurs points. La condition irréfutable du Quirinal est la suivante : il n’est pas possible d’approuver une loi qui viole ouvertement les conventions internationales tel le sauvetage en mer et le débarquement dans un port sûr (et donc pas la Libye). Bref, Salvini devra renoncer à des passages significatifs de son texte. La réflexion sur le caractère d’urgence de ce décret sur la sécurité demeure. Il est évident que l’accélérateur s’explique par la campagne électorale, puisqu’il n’y a pas d’urgence sur les débarquements ni sur l’ordre public ».
ARTICLE, Il Messaggero, M. Canettieri : « ‘’Salvini veut faire tomber le gouvernement après les élections européennes’’ : Les craintes du M5S d’un déchirement sur la justice » : « Au sein des 5 Etoiles s’infiltre le doute qu’à la fin ‘’tout pourrait s’écrouler’’. Les raisonnements qui circulent sont les suivants ‘’Giorgetti a fait ses déclarations dures contre le Président du Conseil et ne se présente même pas au Conseil des ministres. Et puis il y a l’attitude très dure de Salvini. Nous ne savons plus que penser de tout cela, ce n’est plus du bluff’’. Voici donc les raisonnements qui se font au sein de la direction du M5S. Et C’est Di Maio qui le dit clairement ‘’Je pose une question à la Ligue : dimanche elle demande un vote ou demande-t-elle une crise de gouvernement ? Je suis vraiment perplexe sur les attaques contre Giuseppe Conte’’. Les alibis pour une rupture à partir du 27 mai sont présents. Sur la liaison Lyon-Turin (TAV), Di Maio assure que ‘’une interlocution du Président du Conseil Conte avec la France est en cours’’, histoire de ne pas répéter son ‘’non’’. Mais sur la justice, le risque d’un black-out est ressenti. La pression est là, les ministres 5 Etoiles invités à la réunion du parti se demandent s’ils seront encore là demain où s’ils seront victimes d’un remaniement. Et si l’allié continue à dire qu’après les élections européennes ‘’on ira de l’avant comme si de rien n’était’’, personne n’y croit plus vraiment ».
EDITORIAL, La Stampa, M. Zatterin : « Le piège d’un retour au passé » : « Les crises et l’instabilité géopolitique de ce début de siècle sont strictement liées aux raisons géographiques et historiques de notre Continent. D’anciennes peurs les ont favorisées. Des peurs qui n’ont eu que des réponses partielles de la part d’hommes politiques (de toute orientation) sans grande clairvoyance. Des incidents sans solutions ont réveillé des craintes que l’on croyait surmontées. Le populisme et le souverainisme sont devenus ainsi la banque de la peur. La mémoire devrait nous suggérer à tous de nous unir afin de nous mettre à l’abri des intempéries : les élections européennes devraient être l’instrument pour indiquer la voie du progrès commun et de force avec une Union dans la diversité. Or, la peur continue à l’emporter. Celui qui tombe dans ce piège a tendance à voir des monstres de partout et risque, somme toute, de les concrétiser. De cette manière, il nuira à lui-même et aux autres ».
COMMENTAIRE, La Stampa, A. Friedman « Le risque de la spéculation menace l’Italie » : « Au lendemain des élections européennes, quoiqu’il en soit du résultat et sans savoir qui a obtenu le plus de vote, trois faits de la vie économique du pays resteront inchangés. Par-dessus tout, l’Italie aura encore en face d’elle des perspectives économiques incertaines. Les prévisions de croissance du PIB pour 2019 se situent entre 0.1 et 0.5% au mieux. De plus, l’Italie sera toujours écrasée par le poids de son énorme dette publique de 2300 milliards. Cette dette est susceptible d’augmenter puisque le gouvernement a pris la décision d’engager une série de politiques de protection sociale, ce qui se rajoutera aux dépenses et à la dette de l’Etat. Enfin, la troisième chose qui ne changera pas, en termes économiques, est le fait que la Ligue continuera à faire pression dans le cas où le gouvernement tienne jusqu’à l’automne. Financer une autre forme de Flat Tax, voilà le but de la Ligue. Mais cela risque de créer une autre forme de déficit. J’espère vraiment faire une erreur de diagnostic, car cela constituerait la parfaite recette d’un désastre économique. »
ARTICLE, Sole 24 Ore, M. Salerno : « Le bras-de-fer sur la ligne Lyon-Turin (TAV) reporté » : « La Ligue a décidé de retirer son amendement incluant les couloirs internationaux (dont la TAV) parmi les chantiers à débloquer par le biais de procédures extraordinaires. La question ne sera donc pas discutée en commission mais le sujet pourrait être représenté à la Chambre où un autre décret est attendu pour le 28 mai et la Ligue a déjà déposé le même amendement ».
COMMENTAIRE, La Stampa, M. Tropeano « La Ligue reporte au 28 mai le vote sur la Tav » : « La présentation de l’amendement de la Ligue sur la Tav était un acte politique, exactement comme la décision de le retarder. Ce texte n’a aucune efficacité sur la ligne Turin-Lyon non seulement parce que le chantier a déjà commencé mais aussi parce que les ouvriers continuent d’aller de l’avant. » Voici la vision de l’ex-commissaire de la TAV au gouvernement qui est aujourd’hui devenu porte-parole de l’Observatoire. C’est ainsi qu’il voit la polémique autour du parti de Salvini qui reste isolé et qui finit dans la mire des « Cinq Etoiles » d’une part et de Forza Italia et le PD de l’autre. La Ligue a choisi de reporter au 28 mai la discussion concernant la TAV ainsi que le règlement de compte. Et ce jour-là, les rapports de force entre la Ligue et les « Cinq Etoiles » seront sans doute déjà nouveaux. Le vote sur la TAV pourrait devenir le premier des motifs pour rompre le contrat de gouvernement ou le réécrire. Les avis sont déjà divisés quant à la possible adoption de ce texte amandé par la Ligue. »
ARTICLE, Corriere della Sera, L. Salvia : « La confrontation Di Maio-Tria sur le milliard destiné au “décret famille.” “ :”Est en discussion actuellement en Conseil des ministres l’octroi d’un « décret famille » : un fond de 1 milliard d’euros en faveur des familles. Cette aide a été créée à partir de fonds non dépensés pour le revenu de citoyenneté, et est promue par le Mouvement 5 étoiles, qui en fait son cheval de bataille à l’approche des européennes. Le ministre indépendant Giovanni Tria, soupçonné d’être proche de la Ligue, ne soutient pas le décret, soutenant que les garanties financières ne sont pas suffisantes. Le ministre Tria souhaite également supprimer le bonus de 80 euros destiné aux classes moyennes, mis en place par Renzi en 2014. Tria souhaite au contraire diminuer les impôts pour les revenus les plus bas, et mettre en place une augmentation mesurée, et par secteur, de la TVA. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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